L'élevage Akhal Téké en France : quelles perspectives ?
La race Akhal Téké est présente en France depuis plus de 10 ans : la grande majorité du cheptel actuel est arrivée à la fin des années 90 et début 2000. On compte actuellement un peu plus de 200 chevaux inscrits au stud-book, deux fois plus qu'au début des années 2000.
La cheptel reste cependant très restreint avec une douzaine de naissances par an et quelques importations selon les années. De même, le nombre d'élevage reste limité : on compte environ 5 éleveurs en activités et quelques éleveurs occasionnels.
Le fait est que l'Akhal Téké reste encore peu connu ou mal connu. Il attire essentiellement les passionnés, les afficionados de la race, et n'arrive pas à élargir son public. Une question que j'entends souvent : que fait on avec un Akhal Téké ? Beaucoup de gens répondent : de tout ! Malheusement la polyvalence n'est pas vraiment recherchée : les cavaliers se définissent essentiellement par leur pratique : CSO, dressage, complet, endurance, loisir...
L'Akhal Téké a du mal à rentrer dans ces "tiroirs". Plusieurs raisons à ce phénomène.
Tout d'abord, il faut avoir à l'esprit que l'Akhal Téké a été sélectionné depuis presque 100 ans pour la course de vitesse sur hippodrome : vocation non originelle car l'Akhal Téké des nomades n'avait rien à voir avec les pur-sang de course même si les qualités de vitesse étaient recherchées, les qualités de fond, d'endurance et de résistance étaient bien plus importantes. Cette sélection est à la base de l'élevage turkmène actuel mais aussi de l'élevage russe
Depuis une quinzaine d'année, on sélectionne aussi l'Akhal Téké pour le show : concours de modèles et allures, essentiellement en Russie.
Plus rarement on trouve des chevaux sélectionnés pour le sport classique : c'était le cas de l'élevage au Kazakhstan avec le célèbre Absent, triple médaillé d'or au JO en dressage. Malgré quelques cas isolés, la race n'a pas véritablement pris le pas sur les races de chevaux de sport dans ces disciplines.
Le cheptel français et européen est donc issu de cette sélection russe et turkmène qui ne répond pas à nos attentes équestres : pas de courses de vitesse, pas de concours de beauté. (même si on voit se mettre en place un championnat européen qui tend à s'annualiser)
Certains se tournent vers l'endurance, discipline de prédilection pour une race orientale issue d'un biotype et d'une sélection proche du cheval arabe. Malheusement la sélection opérée depuis le début du 20ème siècle a fait peu à peu s'amoindrir les qualités inérentes à cette discipline et la concurrence avec l'arabe rend difficile la percée de l'Akhal Téké au niveau national et international.
Dans ce contexte, il est nécessaire à l'éleveur de définir réellement ce qu'il veut faire.
En France, il a été mis en place une forme de sélection qui s'impose à tous les éleveurs : classement des étalons reproducteurs en 3 catégories : A (recommandé), B (satisfaisant), C (non recommandé). La sélection se fait sur le type, la conformation et les allures : critères utilisés en concours de modèles et allures et se rapprochant des critères de sélection russes Cependant on constate une occidentalisation dans la vision du cheval "idéal", et donc un éloignement des critères originaux.
Alors quelle direction prendre pour les éleveurs?
Se diriger vers les courses de vitesse comme les turkmènes et les russes ? Des courses d'Akhal téké à Longchamps me semblent un peu utopiques ..
Se diriger vers les disciplines classiques, pourquoi pas ? certains modèles Akhal Téké en ont le potentiel et les qualités à un niveau intermédiaire.
S'orienter vers le show ? l'élégance et la beauté de la race peuvent être largement mise en avant à l'instar du cheval arabe.
Sachant que nous sommes les leader mondiaux de l'endurance équestre et que l'Akhal téké a un vrai potentiel, pourquoi ne pas produire des chevaux d'endurance ?
Ou bien s'orienter vers une sélection originelle : faire de l'Akhal Téké "fondation" ??? en s'affranchissant des modes actuelles. Alors comment combiner passé et présent pour faire vivre l'Akhal Téké ?
Beaucoup de questions ... mais que tout éleveur devrait un jour se poser.
En terme d'élevage, le plus important est de savoir ce que l'on veut et où l'on va !