L'élevage Akhal Téké en France : quelles perspectives ?

Publié le par Nathalie

La race Akhal Téké est présente en France depuis plus de 10 ans : la grande majorité du cheptel actuel est arrivée à la fin des années 90 et début 2000. On compte actuellement un peu plus de 200 chevaux inscrits au stud-book, deux fois plus qu'au début des années 2000.
La cheptel reste cependant très restreint avec une douzaine de naissances par an et quelques importations selon les années. De même, le nombre d'élevage reste limité : on compte environ 5 éleveurs en activités et quelques éleveurs occasionnels.

Le fait est que l'Akhal Téké reste encore peu connu ou mal connu. Il attire essentiellement les passionnés, les afficionados de la race, et n'arrive pas à élargir son public. Une question que j'entends souvent : que fait on avec un Akhal Téké ? Beaucoup de gens répondent : de tout ! Malheusement la polyvalence n'est pas vraiment recherchée : les cavaliers se définissent essentiellement par leur pratique : CSO, dressage, complet, endurance, loisir...

L'Akhal Téké a du mal à rentrer dans ces "tiroirs".  Plusieurs raisons à ce phénomène.

Tout d'abord, il faut avoir à l'esprit que l'Akhal Téké a été sélectionné depuis presque 100 ans pour la course de vitesse sur hippodrome : vocation non originelle car l'Akhal Téké des nomades n'avait rien à voir avec les pur-sang de course même si les qualités de vitesse étaient recherchées, les qualités de fond, d'endurance et de résistance étaient bien plus importantes. Cette sélection est à la base de l'élevage turkmène actuel mais aussi de l'élevage russe
Depuis une quinzaine d'année, on sélectionne aussi l'Akhal Téké pour le show : concours de modèles et allures, essentiellement en Russie.
Plus rarement on trouve des chevaux sélectionnés pour le sport classique : c'était le cas de l'élevage au Kazakhstan avec le célèbre Absent, triple médaillé d'or au JO en dressage. Malgré quelques cas isolés, la race n'a pas véritablement pris le pas sur les races de chevaux de sport dans ces disciplines.

Le cheptel français et européen est donc issu de cette sélection russe et turkmène qui ne répond pas à nos attentes équestres : pas de courses de vitesse, pas de concours de beauté. (même si on voit se mettre en place un championnat européen qui tend à s'annualiser)
Certains se tournent vers l'endurance, discipline de prédilection pour une race orientale issue d'un biotype et d'une sélection proche du cheval arabe. Malheusement la sélection opérée depuis le début du 20ème siècle a fait peu à peu s'amoindrir les qualités inérentes à cette discipline et la concurrence avec l'arabe rend difficile la percée de l'Akhal Téké au niveau national et international.

Dans ce contexte, il est nécessaire à l'éleveur de définir réellement ce qu'il veut faire.
En France, il a été mis en place une forme de sélection qui s'impose à tous les éleveurs : classement des étalons reproducteurs en 3 catégories : A (recommandé), B (satisfaisant), C (non recommandé). La sélection se fait sur le type, la conformation et les allures : critères utilisés en concours de modèles et allures et se rapprochant des critères de sélection russes Cependant on constate une occidentalisation dans la vision du cheval "idéal", et donc un éloignement des critères originaux.


Alors quelle direction prendre pour les éleveurs?
Se diriger vers les courses de vitesse comme les turkmènes et les russes ? Des courses d'Akhal téké  à Longchamps me semblent un peu utopiques ..
Se diriger vers les disciplines classiques, pourquoi pas ? certains modèles Akhal Téké en ont le potentiel et les qualités à un niveau intermédiaire.
S'orienter vers le show ? l'élégance et la beauté de la race peuvent être largement mise en avant à l'instar du cheval arabe.
Sachant que nous sommes les leader mondiaux de l'endurance équestre et que l'Akhal téké a un vrai potentiel, pourquoi ne pas produire des chevaux d'endurance ?
Ou bien s'orienter vers une sélection originelle : faire de l'Akhal Téké "fondation" ??? en s'affranchissant des modes actuelles. Alors comment combiner passé et présent pour faire vivre l'Akhal Téké ?
Beaucoup de questions ... mais que tout éleveur devrait un jour se poser.

En terme d'élevage, le plus important est de savoir ce que l'on veut et où l'on va !

Publié dans Elevage et génétique

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B
Je connais bien le cheval Akhal-Téké. J'ai traduit du russe au français les volumes 5 à 9 du stud;book de la race. De ce fait, j'ai pu suivre et appréhender les us et coutumes des élevages et je peux affirmer que les étalons mis en avant par les Russes ( Absent par exemple ) avait une mère demi-sang anglais. Il n'y a qu'au Turkménistan ou les reproducteurs utilisés n'ont pas été trop mélangés. Après l'explosion de l'URSS, de nombreux élevages se sont retrouvés dans des situations financières catastrophiques si bien que des décisions venant de Ribnoyé furent totalement arbitraires.L'Akhal-Téké est un cheval de vitesse et de fond. Si vous regardez certaines performances en courses dans les années 30 à 50, les PSA et les Akhal avaient des temps plus ou moins similaires. La sélection occidentale à pris le dessus en tenant compte par la suite des performances et du modèle de la mère au contraire des méthodes Russes qui ne regardaient que le père. Ce qui est néfaste en occident pour une race confidentielle comme l'Akhal-Téké, c'est le fait que les propriétaires et utilisateurs ne sont pas de vrais hommes de cheval. Les chevaux ne sont donc pas valorisés à leurs justes valeurs par le sport. C'est l'histoire du PSar voici 20 ans en arrière. Les propriétaires de ces chevaux, ne montant pas à cheval organisaient du show et c'est ce qui va arriver à l'Akhal-Téké.Pour acquérir un Akhal-Téké, faut-il encore bien connaitre les origines et oublier ce concept de lignées. Bien examiner les origines maternelles car nous y trouvons beaucoup de sang-anglais ou de juments inscritent au second stud-book.Orientez vos Akhal-Téké sur la vitesse, l'endurance et le complet car vous ne rivaliserez jamais  avec un SF en saut ou un Trakhener en dressage bien que certaine lignées de Trakheners ont reçu du sang Akhal-Téké.Dans les années 80, il n'y avait pas 20 courses de plat pour les PSar en France. Regardez maintenant, 2 ou 3 fois plus.Faites la même chose avec les Akhal-Téké puisque c'est un cheval de vitesse. Mais ce sera un travail de très longue haleine et qui devra être assuré par des professionnel. Ceci ne sont que quelques remarques qui en fin de compte n'engagent que moi.Bon courage à tous
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N
<br /> <br /> Merci pour ce commentaire très intéressant. Je suis contente de rencontrer une personne qui a traduit presque l'ensemble du stud-book russe car vous êtes en<br /> mesure de parler véritablement de la race.<br /> Aujourd'hui je déplore l'attitude de certains pseudo "spécialistes" de la race en France qui n'ont aucune connaissance généalogique et historique de la race. Ils n'en voient pas l'utilité et se<br /> cachent derrière un soi-disant professionnalisme.<br /> Ceci dit, vous pointez de doigt plusieurs sujets de débat très intéressant pour la race : l'ajout de sang anglais dans la première moitié du 20ème siècle qui est bien réelle et dont on devrait<br /> avoir de nos jours à l'esprit (d'ailleurs ça me donne l'idée d'un prochain article). Cependant les chevaux turkmènes sont loin d'être les plus purs ! eh oui il leur faut des chevaux rapides et le<br /> sang anglais permet d'augmenter la vitesse... La sélection est quasi exclusivement fondée sur les courses sur hippodromme depuis 1 siècle. Bien évidemment, les russes ne sont pas en reste.<br /> <br /> Pour ce qui est de l'utilisation de l'Akhal Téké, je pense que l'endurance devrait être leur discipline de prédilection mais si les résultats tardent à venir, c'est parce qu'il faut<br /> resélectionner la race sur ses critères anciens qui n'ont pas été retenus depuis 1 siècle.<br /> <br /> Bien sûr les courses de vitesse à l'instar du PS arabe seraient très appropriée, cependant le monde des courses est un monde vénal où sans argent rien n'est possible. La différence majeure entre<br /> l'arabe et l'Akhal Téké, c'est que nous n'avons pas dans le monde de l'AT d'émirs, d'Al Maktum et autre Aga Khan pour investir dedans !<br /> <br /> <br /> <br />