Sur la notion de pur sang...
Suite au sujet "critères pour avoir du sang" lancé par un internaute sur le forum de www.acheval.net , je trouve très intéressant de revenir sur cette notion où le cheval Akhal Téké est partie prenante.
Tout d'abord si on s'en tient à la terminologie de pur sang, on remarque que la nomenclature des races posée par les haras nationaux ne désigne sous le terme de "pur sang" que le pur sang anglais. La deuxième race à avoir ce qualificatif est la race Akhal Téké dite "Akhal Téké de pur sang " et non pur sang Akhal Téké. Les haras nationaux ont décidé de faire cette différence pour la seule raison de ne pas le confondre avec le pur sang anglais désigné sous le terme de "pur sang".
On remarque que le cheval arabe n'a pas le qualificatif de pur sang : il est désigné sous le terme de "cheval arabe". Pourquoi ? Car la race arabe a fait l'objet de croisements avec des juments autochtones selon les lieux d'élevage et a donné ainsi naissance à l'arabe polonais, à l'arabe russe, à l'arabe espagnol...Seules certaines lignées dites de souches bédouines peuvent être qualifiées de pur sang.
Donc à première vue, la notion de pur sang serait liée à des races dont le studbook est fermé à tout apport de sang extérieur et qui s'appuieraient donc sur le principe de la consanguinité : en anglais ce que l'on appelle l'inbreeding. Cependant, si le critère d'un studbook fermé est nécessaire à la notion de pur sang, il n'est pas suffisant. L'autre critère est celui d'avoir du "sang".
Que veut dire "avoir du sang " ?
Les chevaux de sang sont originaires des steppes d'Asie centrale (chevaux turkmènes aujourd'hui Akhal Téké) puis se sont étendus vers le moyen orient et la péninsule arabique (cheval arabe). Ces chevaux dits orientaux ont été largement utilisés en Europe pour donner du "sang" aux races européennes plus lourdes.
Selon moi, "avoir du sang " ne se limite pas à un aspect esthétique de finesse et de légèreté du modèle, ni à un tempéremment vif et nerveux.
Il faut entendre l'expression "avoir du sang" au sens physiologique du terme, c'est à dire être capable de fournir un effort intense de manière soudaine (ce qui sous entend un grosse capacité cardiaque) pour échapper à un prédateur : le fameux instinct de survie des animaux sauvages. Ainsi pour moi, l'espèce équine la plus sanguine, c'est le zèbre.
Le sang n'a rien à voir avec la domestication et encore moins avec le dressage. Donc le fait q'un cheval obéisse aux aides au quart de tour n'est pas du tout un signe de sang.
Un cheval qui a du sang est un cheval qui a gardé l'instinct sauvage lui donnant une extrème réactivité dans des situations quotidienes de survie. Cette réactivité est associée à une très forte émotivité à son environnement pour percevoir les dangers.
Le fait de domestiquer le cheval lui enlève donc cet instinct sauvage et le "sang", à moins de l'entretenir par une utilisation spécifique comme les courses de vitesse par exemple qui rappelle la fuite face au prédateur.
Course de chevaux Akhal Tékés au Turkménistan :
Les tribus nomades d'Asie centrale et du Moyen Orient ont su garder cet instinct et cette émotivité par l'utilisation qu'ils avaient de leurs chevaux. De même, le pur sang anglais est devenu un cheval de sang du fait de la sélection sur sa réactivité et sa vitesse.
A contrario, des pur sang non sélectionnés sur ces critères perdraient le "sang" au fil des générations.
On peut dire de même pour les chevaux Akhal Tékés...